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Pour les curieux

Voici des suggestions de lecture en 3 volets, histoire d’en apprendre un peu plus sur le monde fascinant des échecs. D’abord quelques « dossiers », puis une revue non exhaustive de célébrités échiquéennes qui ont laissé des écrits, et enfin, l’histoire de personnalités issues de milieux divers et leur rapport – parfois inattendu – au jeu d’échecs.

Premier volet, dossiers échiquéens

Lire et comprendre une grille américaine 

Les mystérieuses origines du jeu d’échecs, un blog sur Gallica 

Les femmes aux échecs, histoire et faits 

Les échecs et les vertus

La notation des coups aux échecs

Stratégie ou tactique

Deuxième volet, célébrités échiquéennes qui ont laissé des écrits, partageant leurs connaissances et leur expérience

Alexandre Alekhine, 1892-1946

Né à Moscou, naturalisé français en 1927, décédé au Portugal et inhumé au Montparnasse. Champion du monde de 1927 (Capablanca) à 1935 (Euwe), puis de 1937 (Euwe) jusqu’à sa mort. Célèbre pour ses simultanées à l’aveugle, il affronte en 1925 28 Échiquiers, pour un score de 22 victoires, 3 défaites et 3 nulles, et reconstitue le lendemain de mémoire les 28 parties. Son record est de 32 échiquiers en 1933. Son nom est associé à une défense en ouverture.
(2 354 partis actuellement disponibles sur chess.com)

À titre de journaliste et de théoricien, il a beaucoup écrit, principalement en allemand. Il est surtout connu pour ses nombreux comptes-rendus de championnats et autres tournois internationaux, et pour ses parties commentées, les siennes et celles de ses contemporains.
Citons :

  • « 200 parties d’échecs », t. 1 et 2, nouvelle éd., Payot, 1998.
  • « 107 great chess batles, 1939-1945 », Oxford University Press, 1980.
    Alexandre Alekhine 

José Raùl Capablanca, 1888-1942

Diplomate cubain né à La Havane, mort à New York. Champion du monde de 1921 (Lasker) à 1927 (Alekhine), invaincu entre 1917 et 1923 (ce qui lui vaut le surnom de « Chess machine ».
(1 310 parties disponibles sur chess.com)

Grand théoricien, il est l’auteur de :

Max Euwe, 1901-1981

Informaticien, mathématicien et professeur néerlandais. Champion du monde de 1935 (Alekhine à 1937 (Alekhine). GMI depuis 1950, Président de la FIDE de 1970 à 1978.

Auteur de :

  • « L’indispensable aux échecs », Payot, 1996.
    Max Euwe 

Anatoli Karpov, 1951–

Joueur d’échecs professionnel russe, homme politique et philatéliste. GMI depuis 1970, champion du monde de 1975 (forfait Fischer) à 1985 (Kasparov) puis de 1993 (Kasparov) à 1999 (Khalifman).

Karpov est réputé entre autres pour son apport à la théorie des ouvertures et a écrit de nombreux ouvrages sur le sujet, publié en français chez E. A. Colin en 1992.
Également auteur de :

  • « Learn from your defeats », Batsford, 1985.
  • « Mes plus belles victoires (1969-1994), Economica, 1996.
    Anatoli Karpov 

Garry Kasparov, 1963–

Né à Bakou (Azerbaïdjan) d’un père issu d’une famille de musiciens, son nom à la naissance est Garik Waïnstein. C’est à 11 ans qu’il prend le nom de Kasparov qui est celui de sa mère, d’origine arménienne. GMI depuis 1980, champion du monde de 1985 (Karpov) à 2000 (Kramnik).
(2 420 parties disponibles sur chess.com)

Réputé pour son intérêt pour l’informatique et les logiciels échiquéens, il aura été le premier grand maître à affronter les ordinateurs. Activiste pour les droits humains et opposant au régime politique de son pays, il s’exile en 2013 et prend en 2014 la nationalité croate. En 2024, placé par Moscou sur une liste de terroristes extrémistes, il vit présentement à New York.

Auteur de plusieurs livres témoignant de son engagement politique et social, mais surtout, d’innombrables ouvrages sur divers aspects du jeu d’échecs.
Citons :

  • « La vie est une partie d’échecs », Lattes, 2007.
  • « My great predecessors » t. 1 à 5, Everyman Chess, 2003-2006.
    Garry Kasparov 

Vladimir Kramnik, 1975–

Joueur professionnel russe, GMI depuis 1992, champion du monde de 2000 (Kasparov) à 2007 (Anand).

Auteur, notamment, de :

Emmanuel Lasker, 1868-1941

Mathématicien et philosophe allemand, ami d’Einstein, mort à New York en 1941. Champion du monde des échecs de 1894 (Steinitz) à 1921 (Capablanca), connu pour son style de jeu psychologique plutôt que calculateur.

Auteur, entre autres, de :

Vladimir Nabokov, 1899-1977

Écrivain russo-américain issu de la noblesse tsariste, il nît à Moscou et meurt à Lausanne. Grand amateur d’échecs, il a joué contre les plus célèbres de son temps, tels Nimzowitsch et Alekhine, mais il est surtout connu comme problémiste.

Auteur, notamment, de :

  • « La défense Loujine », roman, Gallimard, 1964; Folio, 1974; Audio (open) 2025.
  • « Poèmes et problèmes », éd. trilingue, poésie et problèmes d’échecs, Gallimard, 1999.

« Au cours de mes vingt années d’exil, j’ai consacré énormément de temps à composer des problèmes d’échecs. […] C’est un art magnifique, complexe et stérile », écrit-il dans Autres rivages, son autobiographie.
Vladimir Nabokov 

Aaron Nimzowitsch, 1886-1935

Joueur d’échecs professionnel né à Riga (Lettonie), décédé à Copenhague (Dannemark). Théoricien et problémiste, co-fondateur de «l’école hypermoderne». Étudie la philosophie à Berlin, s’établit au Danemark en 1922 et prend la nationalité danoise. Bien que n’ayant remporté aucun championnat mondial, il a joué contre toutes les célébrités de son époque et terminé premier lors de plusieurs grands tournois internationaux. Son nom est associé à de nombreuses défenses et variantes en ouverture.

Auteur d’ouvrages didactiques, dont :

  • « Mon système », t. 1 et 2, Payot, 1993.

(Dans sa préface, le traducteur de la version française compare l’impact de l’oevre sur le monde des échecs au Manifeste du surréalisme d’André Breton. Rien que ça.)
Aaron Nimzowitsch 

Judit Poldàr, 1976–

Née à Budapest (Hongrie), GMI depuis 1992, elle l’emporte contre Spassky en 1993 lors d’un match de 10 parties. Réputée meilleure joueuse d’échecs de tous les temps, 8e au classement mondial mixte en 2004 et 2005 avec un elo de 2 735.
(2 093 parties disponibles sur chess.com)

Auteure de :

  • « Les Leçons d’échecs de Judit Polgàr », T. 1 à 3, Olibris, 2016-2020.
    Judit Polgàr 

Boris Spassky, 1937-2025

Né à Leningrad (Russie), GMI en 1955, champion du monde de 1969 (Petrosian) à 1972 (Fischer), contre qui il perd son match revanche en 1992. Établi en France dans les années 70, il obtient en 1978 la nationalité française. Retour en Russie en 2012 après deux AVC, il y est mort tout récemment, en février 2025, âgé de 88 ans.

A laissé peu d’écrits, si ce n’est un apport important à la seconde édition de :

  • « Grand strategy, 60 games by Boris Spassky », par J. Van Reek, édition augmentée d’analyses et d’un appendix autobiographique par Spassky lui-même, Margraten, 2002.
    Boris Spasky 

Troisième volet, personnalités diverses et leur rapport au jeu d’échecs

En visite à la maison natale de Jean Giono à Manosque, André Vincent a tenu entre ses mains un coffret contenant des pièces d’échecs en bois, sculptées au couteau par l’écrivain durant un séjour en prison. Ici, on reconnaît notamment une Tour et un Cavalier.

Jorge Luis Borges

Remarquablement d’actualité, voici, du grand écrivain argentin aveugle,
Deux sonnets sur les échecs

Samuel Beckett, jamais à court d’imagination !

L’écrivain irlandais était un vrai passionné des échecs. Deux de ses œuvres en témoignent : Murphy (1938), premier roman, dont le personnage central s’inspirerait du joueur britannique Morphy, et une pièce de théâtre intitulée Fin de partie (1957).

Il apprend à jouer dès l’enfance en compagnie de son père dont il était très proche. Plus tard, il s’exercera souvent contre lui-même. En 1943, traqué en France comme Résistant, il se cache dans le Vaucluse où le rejoint un ami peintre juif, Henri Hayden, contre qui il joue d’innombrables parties.

Dans Fin de partie, le personnage central, Hamm, est aveugle et paraplégique; il entretient avec son valet et fils adoptif Clov une relation insidieuse d’interdépendance. Selon une interprétation assez courante – eu égard au titre de la pièce -, Hamm « serait un roi condamné incapable de reconnaître sa défaite, et Clov, son pion, le promènerait de temps à autre sur l’échiquier pour lui donner l’impression qu’il peut encore faire quelque chose » (Wikipédia). Certains analystes ont même avancé que le nom Clov (clou) renvoie au clouage, situation dans laquelle une ou plusieurs pièces d’échecs ne peuvent se déplacer parce que cela créerait une configuration interdite par les règles du jeu.

Le roman Murphy raconte une partie d’échecs dans un hôpital psychiatrique au cours de laquelle les protagonistes, l’infirmier Murphy et le patient Endon, ne se rencontrent jamais face à face. Les 43 coups, bien que farfelus, respectent apparemment les règles en vigueur à l’époque.

La partie commence ainsi :
1. e4 Nh6 2. Nh3 Rg8 3. Rg1 Nc6 4. Nc3 Ne5 5. Nd5 Rh8,
voir la reconstitution de cette partie : 

Sergueï Prokofief, grand joueur d’échecs

Ce compositeur russe de la première moitié du XXe siècle, pianiste virtuose et chef d’orchestre fut l’ami et parfois le partenaire de Capablanca.
Plus sur Prokofief et ses parties contre Capablanca 

Voltaire

Bien que lui aussi passionné des échecs, Voltaire n’était pas une force et on le disait mauvais perdant. Sa philosophie de tolérance avait, semble-t-il, ses limites. Quand il se voyait en désavantage, il se mettait à chantonner pour distraire l’adversaire (tiens tiens, le truc ne date donc pas d’hier…)
Plus sur Voltaire et les échecs 

Einstein

Il arrivait certes à Einstein de jouer aux échecs, car il avait comme voisin et ami Emmanuel Lasker. Toutefois, il prétendait que :

Le fort joueur d’échecs est un homme doté d’un cerveau aux capacités extraordinaires qu’il gâche inutilement devant un échiquier au lieu de s’en servir à des fins hautement plus importantes ».

 — Albert Einstein

Le site Apprendre les échecs lui rend hommage en nommant malgré tout une capsule à son nom.
Plus sur Einstein et les échecs 

Napoléon Bonaparte

Voici un article très informatif et plutôt jouissif de Marielle Brie, historienne de l’Art, sur ce fin stratège des champs de bataille et passionné des échecs, mais piètre joueur et tricheur invétéré.
Plus sur Napoléon et les échecs 

Dernière mise à jour : 24 juin 2025.